Lésions à risque
Les lésions à risque nécessitent un dépistage particulier et parfois une chirurgie. Les lésions à risque sont découvertes à la biopsie ou lors de chirurgie. Le plus souvent, ce sont des découvertes fortuites qui ne se traduisent pas en imagerie ni à l’examen clinique des seins (ECS).
Lésions à risque
LÉSION | RISQUE RELATIF DE CANCER | PROBABILITÉ DE CANCER SOUS-JACENT (lorsque diagnostiqué à la biopsie percutanée) | CONDUITE |
Hyperplasie canalaire atypique | 3.7-5.3 | 4-54% | Exérèse |
Lésion à cellules cylindriques atypiques | NA | ≈20% | Exérèse est suggérée |
Néoplasie lobulaire pure et seule | 4-10 | 0-57% | Controversé. Suivi seul selon CMSDF*. |
Formes avancées de néoplasie lobulaire ou accompagnée d’autres signes | NA | NA | Exérèse |
*Centre des maladies du sein Deschênes-Fabia
Hyperplasie canalaire atypique
Les lésions à risque peuvent se développer au niveau des canaux : l’hyperplasie canalaire atypique.
Les lésions canalaires atypiques trouvées lors d’une biopsie en imagerie requièrent une chirurgie, car un cancer associé est retrouvé dans 30% des cas. L’hyperplasie canalaire atypique (HCA) diffère de l’hyperplasie canalaire usuelle par le caractère atypique des cellules. L’HCA partage certaines caractéristiques avec le carcinome canalaire in situ. Il s’agit d’une lésion pré-maligne qui évoluera en carcinome canalaire in situ et son exérèse est donc indiquée. En présence d’une HCA seule, le risque relatif de développer un cancer du sein est de 3.7 à 5.3. Aussi, lors d’une HCA seule diagnostiquée par biopsie percutanée, la probabilité qu’il y ait une lésion plus avancée sous-jacente (carcinome canalaire in situ ou carcinome canalaire invasif) manquée par la biopsie est de l’ordre de 4 à 54%, selon les séries. D’après une étude menée au CMSDF, environ 4% des biopsies percutanées présentent de l’HCA comme lésion la plus avancée; de ces lésions, 31% présentent une lésion maligne sous-jacente lors de la chirurgie1. Il est donc essentiel d’obtenir un échantillonnage complet de la lésion par chirurgie excisionnelle.
1Factors associated with upgrading to malignancy at surgery of atypical ductal hyperplasia diagnosed on core biopsy. Deshaies I, Provencher L, Jacob S, et al. Breast 2011;20:50-5
Néoplasie lobulaire
Les lésions à risque peuvent se développer au niveau des lobules mammaires, comme la néoplasie lobulaire aussi appelée carcinome lobulaire in situ, bien qu’il ne soit pas considéré comme un cancer sauf dans sa forme polymorphe qui est plus rare. Ainsi la néoplasie lobulaire pure, sans aucun signe clinique ou autre lésion atypique ou proliférative associée, peut faire l’objet d’une surveillance serrée, si aucun autre signe clinique ne laisse suspecter la présence d’une lésion plus avancée, selon l’étude du CMSDF2. Le risque accru de développer un cancer apporté par la néoplasie lobulaire n’est pas près de la lésion initiale, mais dans l’un ou l’autre sein.
La néoplasie lobulaire (NL) est le plus souvent une découverte fortuite lors des biopsies de sein. La néoplasie lobulaire peut être observée avec d’autres lésions bénignes ou lors de l’analyse de tissu mammaire lors de chirurgies de réduction mammaire. Selon la littérature, la NL ne produit pas d’image mammographique spécifique et ne forme pas de masse palpable. Elle ne peut donc pas expliquer à elle seule une image mammaire suspecte. Même si la NL est observée dans une biopsie à un seul endroit du sein, elle est en réalité multifocale dans 50% des cas et bilatérale dans plus de 30% des cas. Il est toujours incertain si la NL est un précurseur direct d’une lésion maligne ou simplement un marqueur de risque. Toutefois, les femmes porteuses d’hyperplasie lobulaire atypique ont un risque 4 à 5 fois plus grand de développer un cancer; ce risque est de 8 à 10 fois plus grand pour les porteuses de carcinome lobulaire in situ.
Dans une récente étude du CMSDF présentant la plus grande série au monde de patientes avec NL trouvée à la biopsie percutanée et non-opérée d’emblée, seulement 1.1% des cancers se sont développés au même site que la NL initialement identifiée. La fréquence de NL comme lésion la plus avancée y était de 2.1% des biopsies percutanées2.
Des variantes plus avancées de la NL existent (néoplasie lobulaire pléomorphe, néoplasie lobulaire massive avec nécrose) et sont des lésions qui sont associées à un risque encore plus grand de cancer et devraient être opérées suite à un tel résultat retrouvé lors d’une biopsie percutanée.
Également, la présence d’une masse palpable dont la biopsie ne montre que de la NL devrait laisser suspecter que la biopsie a manqué la lésion (non-concordance), puisque la NL ne forme pas de masse palpable. Il y aurait donc lieu de reprendre la biopsie ou de procéder à l’exérèse chirurgicale.
2Low frequency of cancer occurrence in same breast quadrant diagnosed with lobular neoplasia at percutaneous needle biopsy. Provencher L, Jacob S, Cote G, et al. . Radiology 2012;263:43-52.
Pour plus d’information sur les lésions à risque consulter :
La Sénologie au quotidien, Les défis mammaires en pratique courante p.82-84
Révisé le 1er août 2024