Avantages, inconvénients et limites
« Aucun dépistage du cancer n’a fait l’objet d’autant d’études randomisées et d’évaluations rigoureuses que celui du dépistage du cancer du sein par mammographie. » (INC)
La mammographie de dépistage est la meilleure méthode pour dépister le cancer du sein. La mammographie est le seul examen de dépistage ayant démontré une réduction du nombre de décès attribuables au cancer du sein.
Cet examen est offert à toutes les femmes admissibles de 50 à 74 ans dans le cadre du Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS).
Comme toute intervention en clinique, le dépistage du cancer du sein présente des avantages, des inconvénients et des limites. Des études du Ministère de la Santé et des Services sociaux et de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) font ressortir les avantages, les inconvénients et les limites du dépistage par mammographie.
Toutes les femmes admissibles au PQDCS devraient s’informer sur les avantages, les inconvénients et les limites du dépistage par mammographie. Chaque femme peut ensuite décider de façon éclairée de participer ou non au Programme.
Les femmes en sont informées par le feuillet « Participer au PROGRAMME QUÉBÉCOIS DE DÉPISTAGE DU CANCER DU SEIN : votre décision », produit par le Ministère de la Santé et des Services sociaux (dernière modification le 13 mars 2024) et qui est mis dans toutes les lettres d’invitation.
Elles sont de plus encouragées à en discuter avec leur médecin ou infirmière praticienne spécialisée (IPS). Leur état de santé et leur volonté personnelle doivent être considérés dans la prise de décision, comme le soulignait le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs en 2018.
« Au Canada, la plupart des femmes de 50 ans et plus qui ne sont pas considérées à risque élevé sont invitées à passer une mammographie de dépistage du cancer du sein et doivent décider si elles souhaitent participer ou non », a affirmé la Dre Ainsley Moore, vice-présidente du Groupe d’étude. « Les nouvelles directives mettent désormais l’accent sur la prise de décision partagée entre les femmes et leurs professionnels de la santé afin de décider si elles doivent passer un test de dépistage ou non, et ce, en fonction de leurs valeurs et préférences. »
Vous pouvez trouver sur le site du MSSS des informations sur les avantages, inconvénients et limites.
Une formation existe qui peut vous aider à assister les femmes dans leur prise de décision concernant leur participation au dépistage:
Formation en ligne sur le soutien à la prise de décision éclairée concernant le dépistage du cancer du sein. Cliquez sur l’image ci-dessous :
Il est reconnu que les avantages du dépistage sont plus importants pour une femme à risque plus élevé de développer un cancer du sein.
Les recommandations de dépistage peuvent varier tant pour l’âge de début que la fréquence et le type d’examen. L’IRM peut être indiquée dans certains cas.
Vous trouverez plus d’informations dans notre site concernant les femmes à risque, l’IRM et le dépistage personnalisé.
SOUTIEN À LA DISCUSSION AVEC LES FEMMES
Voici des éléments pouvant être utiles dans vos discussions avec les femmes pour les aider à décider de façon éclairée de participer ou non au Programme. Ils sont inspirés du document : Avantages, Inconvénients et Limites potentielles*
(réalisé par Francine Borduas MD, Jocelyne Chiquette MD, Louise Moreault MD et Geneviève Doray du Groupe Actions-Médecins de la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale, avril 2015)
*Il est à noter que le communiqué du Groupe Actions-médecins (GAM) cité ci-haut a été rédigé avant 2024, au moment où seules les femmes de 50 à 69 ans étaient invitées par le Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS).
Avantages, inconvénients et limites du dépistage par mammographie
Avantages
La réduction de mortalité a été démontrée par huit études cliniques randomisées (méta-analyse de l’Independent UK Panel of Breast Cancer Screening, 2012) et par une étude sur l’évaluation des programmes canadiens entre autres. Au Canada, cette baisse de mortalité chez les participantes est en moyenne de 40%, variant entre 27% et 59% selon les provinces. L’INSPQ a mis en évidence une baisse de 35 % de la mortalité chez les participantes au PQDCS après cinq ans de dépistage. Une méta-analyse mondiale récente de 2020 démontre une réduction significative de la mortalité de 22 % chez les femmes invitées au dépistage et une réduction encore plus significative de 33% chez les participantes au dépistage.
On observe de meilleures chances de guérison dans 9 cas sur 10, des traitements moins lourds et une chirurgie moins étendue permettant de conserver le sein dans la clientèle des femmes dépistées. Le risque de recevoir de la chimiothérapie est réduit.
Inconvénients
Les inconvénients possibles sont de différents ordres. Les fausses alertes ou faux positifs nécessitant une investigation supplémentaire à la mammographie de dépistage représentent environ 10% des dépistages. Les fausses alertes sont plus fréquentes à la 1re mammographie de dépistage.
Le risque associé aux radiations est très faible, il est relié à la quantité de radiations absorbées qui peut varier selon les caractéristiques personnelles. Il est estimé être négligeable dans le contexte du dépistage proposé par le PQDCS.
La mise en évidence de cancers qui n’auraient jamais eu de signification clinique pendant la vie des patientes peut être considérée comme du surdiagnostic. Une certaine quantité de surdiagnostics est inévitable à partir de la détection précoce des lésions dans une population asymptomatique et s’applique aussi à d’autres pathologies (ex.: HTA). Le surdiagnostic est un concept épidémiologique et il y a absence de consensus chez les experts quant à la fréquence du surdiagnostic et aux méthodes pour l’estimer. Compte tenu des connaissances actuelles, le clinicien confronté à un cancer de petite taille n’a aucun moyen de déterminer s’il s’agira a posteriori d’un surdiagnostic. Un traitement est donc proposé, entraînant un risque possible de surtraitement.
De la douleur ou un inconfort peuvent être ressentis à la compression lors de la mammographie chez certaines femmes. Certains conseils peuvent être donnés aux femmes pour minimiser ces symptômes.
En cas d’anomalies à la mammographie de dépistage, lorsque des examens complémentaires sont nécessaires, l’attente des résultats peut occasionner beaucoup d’inquiétude et être mal vécue par certaines femmes.
Limites potentielles
La mammographie n’est pas infaillible : certains cancers ne sont pas détectés à la mammographie. Certains facteurs comme la densité mammaire peuvent contribuer aux 10% de faux négatifs. D’où l’importance pour les femmes, les médecins et les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) de rester attentifs à l’apparition récente de signes et symptômes et ce peu importe le résultat de la mammographie de dépistage. D’autres examens peuvent être faits pour compléter l’investigation de signes cliniques non vus à la mammographie, comme l’échographie, la ponction ou la biopsie.
Malgré une surveillance régulière tous les deux ans, il peut arriver qu’une mammographie ne révèle pas d’anomalie et que l’on découvre un cancer du sein avant la mammographie suivante (cancer d’intervalle). Heureusement, les cancers d’intervalle sont rares : pour 1000 femmes participant au dépistage organisé, moins de deux développeront un cancer entre deux mammographies. C’est pourquoi la répétition de la mammographie tous les ans n’est pas recommandée pour les femmes à risque moyen.
Avantages et limites du PQDCS
Avantages
Le PQDCS envoie une lettre d’invitation servant d’ordonnance pour une mammographie de dépistage à toutes les femmes de 50 à 74 ans avec ou sans médecin. L’invitation est systématique aux deux ans et la participante reçoit une lettre de résultats. Une banque de médecins et IPS volontaires pour assurer le suivi du rapport de mammographie est accessible pour les femmes sans médecin ou IPS. Un suivi est assuré pour la confirmation de prise en charge des rapports anormaux.
Les femmes sont assurées d’une participation à un programme qui répond à des exigences de qualité stricte, grâce à un suivi et un système d’assurance qualité avec des indicateurs de performance.
Les participantes ont accès à une expertise multidisciplinaire en dépistage et en traitement du cancer du sein via les Centres de dépistage désignés (CDD), le Centre de référence pour investigation désigné (CRID) et le Centre des maladies du sein (CMS). Un soutien psychosocial est offert tout au long de la trajectoire.
Limites
La clientèle à risque plus jeune n’est pas prise en charge, car il n’y a pas de programme spécifique pour les femmes à risque.
Le besoin de médecins et IPS volontaires pour la prise en charge des rapports de mammographie des femmes sans médecin ou IPS et avec un résultat anormal à la mammographie n’est pas toujours facile à combler, même si cette prise en charge ne touche que le rapport de mammographie.
DOCUMENTS ET LIENS UTILES :
Avantages, Inconvénients et Limites potentielles*
(réalisé par Francine Borduas MD, Jocelyne Chiquette MD, Louise Moreault MD et Geneviève Doray du Groupe Actions-Médecins de la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale, avril 2015)
*Il est à noter que le communiqué du Groupe Actions-médecins (GAM) cité ci-haut a été rédigé avant 2024, au moment où seules les femmes de 50 à 69 ans étaient invitées par le Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS).
http://www.depistagesein.ca/avantages-inconvenients/ (page pour les femmes)
Feuillet « Participer au PROGRAMME QUÉBÉCOIS DE DÉPISTAGE DU CANCER DU SEIN : votre décision »,
produit par le Ministère de la Santé et des Services sociaux; mise en ligne le 8 mars 2008, dernière modification le 13 mars 2024
RÉFÉRENCES :
- DIBDEN, A and al, «Worldwide Review and Meta-Analysis of Cohort Studies Measuring the Effect of Mammography Screening Programmes on Incidence-Based Breast Cancer Mortality», Cancers (Basel), 2020 Apr 15;12(4):976.
- Bilan 2009-2012 du Programme québécois de dépistage du cancer du sein, MSSS juillet 2014
- COLDMAN, A. et coll. (2014), « Pan-Canadian Study of Mammography Screening and Mortality form Breast Cancer », Journal of National Cancer Institute, vol. 106, no 11, p. 1-7.
- EUROSCREEN WORKING GROUP (2012), « Summary of the evidence of breast cancer service screening outcomes in Europe and first estimate of the benefit and harm balance sheet », Journal of Medical Screening, vol. 19, suppl. 1, p. 5-13.
- INDEPENDENT UK PANEL ON BREAST CANCER SCREENING (2012), « The benefits and harms of breast cancer screening : an independent review », The Lancet, vol. 380, no 9855, p. 1778-1786 .
- PULITI, D. et coll. (2012) « Overdiagnosis in mammographic screening for breast cancer in Europe : a literature review », Journal of MedicalScreening, vol. 19, suppl. 1, p. 42-56.
Révisé le 23 juillet 2024